Acide pyruvique

Acide pyruvique
   
Structure de l'acide pyruvique
Identification
Nom UICPA acide 2-oxopropanoïque
Synonymes

acide pyruvique
acide pyroracémique
acide acétylformique
acide 2-cétopropanoïque
acide α-cétopropanoïque
acide 2-oxopropionique
acide 2-cétopropionique
acide α-cétopropionique

No CAS 127-17-3
No ECHA 100.004.387
No CE 204-824-3
PubChem 1060
FEMA 2970
SMILES
CC(=O)C(=O)O
PubChem, vue 3D
InChI
Std. InChI : vue 3D
InChI=1S/C3H4O3/c1-2(4)3(5)6/h1H3,(H,5,6)
Std. InChIKey :
LCTONWCANYUPML-UHFFFAOYSA-N
Apparence liquide incolore
Propriétés chimiques
Formule C3H4O3  [Isomères]
Masse molaire[1] 88,062 1 ± 0,003 6 g/mol
C 40,92 %, H 4,58 %, O 54,5 %,
pKa 2,4
Propriétés physiques
fusion 12 °C[2]
ébullition 165 °C (décomposition) [2]
Solubilité soluble dans l'éthanol et l'éther[2]
Miscibilité miscible dans l'eau
Masse volumique 1,27 g·cm-3 à 20 °C[2]
Point d’éclair 82 °C [2]
Thermochimie
Cp

équation[3] : C P = ( 5.045 ) + ( 3.7767 E 1 ) × T + ( 3.4222 E 4 ) × T 2 + ( 1.6758 E 7 ) × T 3 + ( 3.3836 E 11 ) × T 4 {\displaystyle C_{P}=(5.045)+(3.7767E-1)\times T+(-3.4222E-4)\times T^{2}+(1.6758E-7)\times T^{3}+(-3.3836E-11)\times T^{4}}
Capacité thermique du gaz en J·mol-1·K-1 et température en kelvins, de 298 à 1 500 K.
Valeurs calculées :
91,4 J·mol-1·K-1 à 25 °C.

T
(K)
T
(°C)
Cp
( J k m o l × K ) {\displaystyle ({\tfrac {J}{kmol\times K}})}
Cp
( J k g × K ) {\displaystyle ({\tfrac {J}{kg\times K}})}
298 24,85 91 368 1 038
378 104,85 107 267 1 218
418 144,85 114 323 1 298
458 184,85 120 843 1 372
498 224,85 126 869 1 441
538 264,85 132 439 1 504
578 304,85 137 591 1 562
618 344,85 142 361 1 617
658 384,85 146 782 1 667
698 424,85 150 885 1 713
738 464,85 154 699 1 757
778 504,85 158 251 1 797
818 544,85 161 566 1 835
858 584,85 164 667 1 870
899 625,85 167 646 1 904
T
(K)
T
(°C)
Cp
( J k m o l × K ) {\displaystyle ({\tfrac {J}{kmol\times K}})}
Cp
( J k g × K ) {\displaystyle ({\tfrac {J}{kg\times K}})}
939 665,85 170 375 1 935
979 705,85 172 947 1 964
1 019 745,85 175 376 1 992
1 059 785,85 177 674 2 018
1 099 825,85 179 852 2 042
1 139 865,85 181 919 2 066
1 179 905,85 183 880 2 088
1 219 945,85 185 739 2 109
1 259 985,85 187 498 2 129
1 299 1 025,85 189 158 2 148
1 339 1 065,85 190 717 2 166
1 379 1 105,85 192 169 2 182
1 419 1 145,85 193 509 2 197
1 459 1 185,85 194 729 2 211
1 500 1 226,85 195 843 2 224
Précautions
SGH[4]
SGH05 : Corrosif
Danger
H314, P280, P301+P330+P331, P305+P351+P338 et P309+P310
H314 : Provoque de graves brûlures de la peau et des lésions oculaires
P280 : Porter des gants de protection/des vêtements de protection/un équipement de protection des yeux/du visage.
P301+P330+P331 : En cas d'ingestion : rincer la bouche. NE PAS faire vomir.
P305+P351+P338 : En cas de contact avec les yeux : rincer avec précaution à l’eau pendant plusieurs minutes. Enlever les lentilles de contact si la victime en porte et si elles peuvent être facilement enlevées. Continuer à rincer.
P309+P311 : En cas d'exposition ou de malaise : appeler immédiatement un CENTRE ANTIPOISON ou un médecin.
SIMDUT[5]
B3 : Liquide combustibleE : Matière corrosive
B3, E,
B3 : Liquide combustible
point d'éclair = 83,8 °C coupelle fermée méthode Setaflash
E : Matière corrosive
acide fort (pH calculé = 1,8 pour une solution 0,1 M.)

Divulgation à 1,0% selon les critères de classification
Transport[4]
80
   3265   
Code Kemler :
80 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité
Numéro ONU :
3265 : LIQUIDE ORGANIQUE CORROSIF, ACIDE, N.S.A.
Classe :
8
Étiquette :
pictogramme ADR 8
8 : Matières corrosives
Emballage :
Groupe d'emballage III : matières faiblement dangereuses.
Écotoxicologie
DL50 souris, subdermal :
3 533 mg·kg-1
Composés apparentés
Autres composés


Structure de l'anion pyruvate


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
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L’acide pyruvique est un composé chimique de formule CH3-CO-COOH. Il s'agit d'un 2-oxoacide ou α-cétoacide, portant à la fois une fonction acide carboxylique et une fonction cétone. Sa base conjuguée est l'anion pyruvate CH3-CO-COO, un métabolite clé situé au carrefour de plusieurs voies métaboliques majeures des cellules vivantes, telles que la glycolyse, le cycle de Krebs et la néoglucogenèse, et peut être converti en acide gras, en alanine ou encore en éthanol après décarboxylation oxydative en acétyl-coenzyme A.

Acide pyruvique

L'acide pyruvique se présente sous la forme d'un liquide incolore, d'odeur semblable à celle de l'acide acétique. Il est miscible dans l'eau, et soluble dans l'éthanol et l'éther.

En laboratoire, l'acide pyruvique peut être préparé en chauffant un mélange d'acide tartrique et de bisulfate de potassium[6], par oxydation du propylène glycol par un oxydant fort (par exemple du permanganate de potassium ou de l'hypochlorite de sodium), ou encore par hydrolyse du 2-oxopropiononitrile, formé par réaction du chlorure d'éthanoyle avec le cyanure de potassium :

CH3COCl + KCN → CH3COCN
CH3COCN + 2 H2O → CH3COCOOH + NH3

Biochimie du pyruvate

Description

L'ion pyruvate est le produit final des voies de dégradation du glucose (la glycolyse, voie des pentoses phosphates, voie d'Entner-Doudoroff). Il est le substrat d'une fermentation en condition anaérobie (fermentation lactique, alcoolique), et du cycle de Krebs de façon indirecte en condition aérobie, après décarboxylation oxydative le convertissant en acétyl-coenzyme A.

Formation du pyruvate par la glycolyse

Article détaillé : glycolyse.
  + ADP + H+    {\displaystyle \rightleftharpoons }    ATP +  
PEP   Acide pyruvique
Pyruvate kinaseEC 2.7.1.40

Le phosphoénolpyruvate (PEP) formé au cours de la glycolyse possède un groupe phosphate à haut potentiel de transfert — ΔG°' = −61,9 kJ mol−1, valeur la plus élevée mesurée chez les êtres vivants — permettant la phosphorylation d'une molécule d'ADP en ATP par la pyruvate kinase. Un cation Mg2+ est nécessaire à cette réaction comme cofacteur.

Devenir du pyruvate en anaérobiose

Les réactions suivantes ont lieu, en milieu anaérobie, dans le cytoplasme, dans le muscle, chez les bactéries lactiques (pour la fermentation lactique, par exemple chez lactobacillus), ou encore chez la levure (pour la fermentation alcoolique). D'autres fermentations sont possibles, par exemple chez les entérobactéries (cf. voies fermentaires des entérobactéries).

Fermentation lactique

Article détaillé : fermentation lactique.
  + NADH + H+  →  NAD+ +  
Acide pyruvique   Acide lactique
L-lactate déshydrogénaseEC 1.1.1.27

Le lactate CH3-CHOH-COO produit dans le muscle n'est pas responsable des courbatures, contrairement à une idée reçue[7], et n'intervient pas non plus dans le phénomène des crampes. Par ailleurs, il peut être transporté dans le sang puis dans les cellules hépatiques (cycle de Cory).

Fermentation alcoolique

Article détaillé : fermentation alcoolique.
  1. CH3-CO-COO + H+ → CH3CHO + CO2, par la pyruvate décarboxylase, en présence de thiamine pyrophosphate (TPP).
  2. CH3CHO + NADH + H+   {\displaystyle \rightleftharpoons }   CH3CH2OH + NAD+, par l’alcool déshydrogénase.

Devenir du pyruvate en aérobiose

En milieu aérobie, le pyruvate est dégradé dans les mitochondries. Il y pénètre par la pyruvate translocase. Deux réactions sont possibles, qui génèrent les précurseurs du cycle de Krebs :

Décarboxylation oxydative en acétyl-CoA

Cette réaction est catalysée par un complexe multienzymatique, le complexe pyruvate déshydrogénase, faisant intervenir cinq coenzymes :

  • deux coenzymes libres et non liées au complexe : le NAD+ et la coenzyme A.


  + NAD+ + CoA-SH  →  CO2 + NADH + H+ +  
Acide pyruvique   Acétyl-CoA
Complexe pyruvate déshydrogénase :
pyruvate déshydrogénase (E1) – EC 1.2.4.1
dihydrolipoamide S-acétyltransférase (E2) – EC 2.3.1.12
dihydrolipoyl déshydrogénase (E3) – EC 1.8.1.4

Cette réaction a lieu au niveau de la paroi mitochondriale pour les eucaryotes et au niveau de la membrane pour les procaryotes.

Le NADH + H+ sera par la suite réoxydé par la chaîne respiratoire, synonyme de chaîne mitochondriale de transport d'électrons, pour produire de l'ATP en aérobiose.

Carboxylation en oxaloacétate

La réaction, catalysée en présence de biotine par la pyruvate carboxylase (synthétase), produit de l'oxaloacétate :

  + ATP + CO2  →  ADP + Pi +  
Acide pyruvique   Acide oxaloacétique
Pyruvate carboxylaseEC 6.4.1.1

Il s'agit d'une réaction anaplérotique majeure.

Rendement énergétique comparé

À partir d'une molécule de glucose, qui donne deux molécules de pyruvate :

  • les fermentations ont un rendement médiocre : elles ne libèrent que deux molécules d'ATP par molécule de glucose ;
  • les dégradations aérobies sont bien plus rentables : chaque molécule de glucose permet la production de 14 molécules d'ATP via la décarboxylation oxydative, ou de 6 molécules d'ATP via la carboxylation, avant même la dégradation de l'acétyl-CoA par le cycle de Krebs qui libère encore davantage d'énergie.

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. a b c d et e Entrée du numéro CAS « 127-17-3 » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 03/08/09 (JavaScript nécessaire)
  3. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., (ISBN 0-88415-857-8)
  4. a et b Entrée « Pyruvic acid » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 6 janvier 2019 (JavaScript nécessaire)
  5. « Acide pyruvique » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 24 avril 2009
  6. Organic Syntheses, Coll. Vol. 1, p. 475 (1941); Vol. 4, p. 63 (1925). [1]
  7. Wienek, Biologie du sport, p. 256, Vigot

Voir aussi

v · m
β-Oxydation
Glycolyse
Décarboxylation oxydative
Cycle de Krebs
Chaîne respiratoire
Phosphorylation oxydative
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