Problème anglophone au Cameroun

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Le problème anglophone au Cameroun est un ensemble de revendications exprimées de diverses manières et à de nombreuses occasions par les anglophones du Cameroun depuis le référendum constitutionnel de 1972, qui a conduit à l'abolition de l'État fédéral et à l'avènement d'un État unitaire[1].

Contexte

Article détaillé : Histoire du Cameroun.

Après la Première Guerre mondiale, le Cameroun, alors sous protectorat allemand, passe sous mandat français pour la partie francophone et sous mandat britannique pour la partie anglophone. Malgré l'indépendance du , la situation de la partie anglophone est incertaine. Le , la république fédérale du Cameroun est créée, avec deux États fédérés. En 1966, le chef d'État dissout les partis politiques et crée un parti unique, l'Union nationale camerounaise (UNC)[2]. Le , le président Ahmadou Ahidjo organise un référendum pour créer la république unie du Cameroun[3].

Déroulement

Années 1980

Dans un mémorandum daté du , l'avocat Fongum Gorji Dinka écrit que le gouvernement camerounais dirigé par le président Paul Biya est inconstitutionnel et annonce que l'ancien Cameroun méridional devrait devenir indépendant en tant que république d'Ambazonie. Fongum Gorji Dinka est incarcéré au mois de janvier suivant sans jugement[4] et s'évade trois ans plus tard au Nigeria[5].

Années 1990

Au début des années 1990, alors que le Cameroun revenait au multipartisme, le mouvement All Anglophone Congress (AAC) conteste la légitimité du référendum de 1972 et propose le retour au fédéralisme tandis que des mouvements plus radicaux appellent à la sécession[6],[7]. En avril 1993, à la suite d'une conférence de l'AAC, la « Déclaration de Buéa » est publiée. Elle énumère les nombreux griefs des anglophones à l'égard du pouvoir central et appelle à un retour à l'État fédéral[8].

Face au refus du gouvernement de discuter d'un retour au fédéralisme, le Cameroon Anglophone Movement (CAM), l'une des plus grandes associations affiliées au mouvement AAC, déclare l'indépendance des régions anglophones le . Cette position est soutenue par une deuxième conférence qui se tient à Bamenda en 1994. Cette dernière déclare que si le gouvernement

« persiste dans son refus d'engager des réformes constitutionnelles substantielles, ou ne les réalise pas dans un laps de temps raisonnable », elle proclamera « l'indépendance du Southern Cameroons, en prenant toutes les mesures nécessaires pour défendre et préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de celui-ci »[9].

En 1995, le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM), un parti politique sécessionniste voit le jour[10]. En décembre 1999, des membres du parti prennent le contrôle d'une station locale de la Cameroon Radio Television (CRTV) à Buéa et proclament l'indépendance de la « république du Cameroun méridional »[11].

Années 2000

Le 1er octobre 2001, à l'occasion du 40e anniversaire de la réunification du Cameroun, une manifestation pacifique organisée par des séparatistes dans les villes de Kumbo et Bamenda est violemment réprimée par la police. Au moins trois militants sont tués et cinq sont blessés à Kumbo. Des leaders séparatistes sont arrêtés[12].

Années 2010

Manifestation d'indépendantistes anglophones, le .

Fin 2016, le problème anglophone resurgit. Les manifestations d'avocats et d'enseignants sont accompagnées de revendications en faveur du fédéralisme ou d'indépendance[13],[14]. Le , Sisiku Julius Ayuk Tabe déclare symboliquement l'indépendance des régions anglophones sous le nom de république fédérale d'Ambazonie. Les manifestations qui suivent cette déclaration d'indépendance font l'objet d'une répression meurtrière[15].

Facteurs

Les facteurs justifiant les griefs de la minorité anglophone se situent dans le processus de décolonisation du Cameroun britannique et la gestion de la réunification du Cameroun ; on peut associer à cela la mauvaise gouvernance et une centralisation excessive du pouvoir politique. Par exemple, sont détaillés par les évêques les points suivants (présents au Cameroun francophone et anglophone)[16] :

« La sous-représentation des anglophones dans les jurys des concours d’entrée aux grandes écoles, dans les ministères, dans le gouvernement ; L’anglais (pourtant langue officielle au même titre que le français) n’est pas toujours employé dans les examens d’État, des documents publics, ou par les fonctionnaires qui se rendent dans les régions anglophones ; Une majorité de magistrats, personnel enseignant ou sanitaire, francophones dans ces régions ; La négligence des infrastructures de l’Ouest anglophone ; L’incompréhension du sous-système éducatif anglophone et du système juridique par les fonctionnaires francophones ; La marginalisation des anglophones dans l’admission à certaines grandes écoles »

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. « [https://www.editions-harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=31905&no_artiste=18165 Le probl�me anglophone au Cameroun:] », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le )
  2. « Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ? », sur Le Point, (consulté le )
  3. « Pourquoi le malaise de la partie anglophone du Cameroun persiste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Anthropology in Africa: challenges for the 21st century, Langaa Research & Publishing CIG, coll. « ICASSRT monograph », (ISBN 978-9956-792-79-5)
  5. « Cameroon’s anglophone war, Part 1: A rifle as the only way out », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. Ernest-Marie Mbonda, « Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ? », sur Le Point, (consulté le )
  7. Piet Konings et Georges Courade, « Le «problème anglophone» au Cameroun dans les années 1990 », Politique africaine, vol. 62, no 1,‎ , p. 25–34 (ISSN 0244-7827, DOI 10.3406/polaf.1996.5959, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) The Buea Declaration: All Anglophone Conference, 2nd & 3rd April, 1993, Nooremac Press, (lire en ligne)
  9. Piet Konings, Thomas Weiss et Georges Courade, « Le «problème anglophone» au Cameroun dans les années 1990 », Politique africaine, vol. 62, no 1,‎ , p. 25–34 (DOI 10.3406/polaf.1996.5959, lire en ligne, consulté le )
  10. Le Monde Afrique, « Crise anglophone : pourquoi le Cameroun s’enflamme ? » (consulté le )
  11. « CAMEROUN. Les indépendantistes anglophones haussent le ton », sur Courrier international, (consulté le )
  12. Christophe Ayad, « Sécessionnistes réprimés au Cameroun », sur Libération (consulté le )
  13. Le Point magazine, « Les anglophones du Cameroun revendiquent le fédéralisme », sur Le Point, (consulté le )
  14. « Les anglophones camerounais veulent leur indépendance », sur Le Figaro, (consulté le )
  15. « Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Annie Josse, « Cameroun : le « problème anglophone » vu par les évêques », sur Mission et Migrations, (consulté le )
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